mercredi 29 mars 2017

The Warriors Gate, de Matthias Hoene

Pour la deuxième semaine consécutive, je me retrouve dans l’incapacité de parler d’une oeuvre que j’ai vraiment envie d’évoquer. Car hélas, je n’ai pas pu aller voir la transposition live de La Belle et la Bête de Disney par Bill Condon, et ayant déjà évoqué Brimstone, l’incroyable western horrifique du brillantissime réalisateur hollandais Martin Koolhoven, il m’a fallu me rabattre sur une sortie plus confidentielle. C’est pour cette unique raison que je me suis retrouvé dans la salle de cette bouse faite film qu’est The Warriors Gate (Warrior's Gate dans la langue de Shakespeare, donc preuve ultime que les traducteurs de titres se foutent ouvertement de notre gueule), nanar estampillé Europacorp, tentant vainement de faire kiffer les marmots en leur proposant un récit qui est censé être de leur âge, tout en jouant avec la fibre nostalgique des adultes ayant grandis dans les années 1990.

Racontant comment un ado fan de jeu vidéo se retrouve forcé de protéger une princesse chinoise dans un univers parallèle après avoir été confondu avec son avatar dans le jeu, The Warriors Gate est un pur foutage de gueule. Après une première séquence nous introduisant dans l’univers du jeu de manière plutôt habile, il faut bien finir par se rendre à l’évidence: on est face à une production Europacorp dans ce qu’elle a de plus racoleuse, de plus lourdingue, de plus beauf, et tout simplement de plus con. Dès la deuxième scène du film, on peut se rendre compte que l’on est face à une production sans ambition artistique. La présentation de Jack, adolescent servant de personnage principal au film, et de sa mère est en soit assez symptomatique d’ou vient l’un des problèmes majeur du film. Il s’agit d’un simple dialogue filmé dans un champs-contrechamps des plus classique, permettant aux acteurs de dire explicitement, sans finesse, là ou en sont les personnages dans leurs vies au moment ou le film commence. On apprend donc que la mère est divorcée, qu’elle a des problèmes d’argent et va devoir vendre leur maison, et que Jack est un lycéen très gentil qui est victime de maltraitance par une bande d’autres lycéens. Pire, dès la troisième scène du film, on se rend compte que l’on est face à une fiction qui ne saura plus vraiment quoi raconter, et sombrera dans le racolage le plus total. Le problème de la deuxième scène, c’est que celle-ci, en donnant directement toutes les informations au spectateur, empêche les séquences suivantes de raconter son histoire. Cette fameuse troisième scène, c’est tout simplement l’illustration de ce que l’on a appris dans la seconde: Jack se fait maltraiter par d’autre lycéens. Donc qu’est-ce que l’on peut bien faire pour maintenir l’intérêt du spectateur alors que ce qu’on a à lui montrer est tout simplement l’illustration de ce qui lui a été expliqué dans la séquence précédente ? Papy Besson à la solution qu’il applique depuis des années: mettre des cascades pour tenter de faire avaler la pilule au spectateur. « Ils n’y verront que du feu » a-t-il du se dire lors de l’écriture avec son comparse Robert Mark Kamen (avec qui il avait déjà écrit ces chefs-d’oeuvre de connerie que sont Le Cinquième Élément, Le Baiser Mortel du Dragon, ou encore les trilogies du Transporteur et Taken). Et c’est donc parti pour une poursuite en vélo de 5 minutes, blindé de cascades aussi surréalistes que foncièrement inutiles pour l’intrigue, si on considère qu’il y en a vraiment une, bien entendu.

Ce schéma narratif particulièrement contre-productif est bien évidemment celui appliqué sur l’entièreté du métrage, et il est d’autant plus surprenant de voir que Besson et Kamen décident de retarder le plus possible le lancement de leur histoire, à savoir l’arrivée de Jack dans un monde qu’il ne connait pas. On doit donc se taper d’abord une sortie au centre commercial entre Jack et la princesse, avec des scènes de drague digne des pires téléfilms M6 passant un dimanche après midi pluvieux, ou celle-ci va finalement découvrir le Hip-Hop et les glaces (ce qui permet d’amener l’un des génériques de fin les plus hallucinants qu’il m’ai été donné de voir). Probablement trop couteux à la production de raconter la majorité du film dans ce monde parallèle, il est dommage de voir que toute cette partie, censée justifier le fait que ce couillon de Jack décide d’aller de lui même dans cet univers, tombe finalement complètement à l’eau tant celle-ci est forcée. Il est d’autant plus dommage de voir que la suite n’a pas beaucoup plus d’intérêt: l’histoire classique du personnage projeté dans un univers qu’il ne connait pas pourrait permettre de raconter beaucoup plus que cette simple variante sur le thème du fermier devenant chevalier pour sauver sa princesse. Ici, on se limite du minimum, en développant à peine la relation entre Jack et son acolyte et foutant des blagues à la place d’un vrai travail de psychologie des personnages. C’est donc avec consternation que l’on assiste à la découverte des lunettes de soleil et du breakdance par un chevalier chinois. Idem de la caractérisation du méchant: au lieu de tenter de lui donner une profondeur psychologique en jouant de ses contradictions (celui-ci kidnappe la princesse pour la forcer à l’aimer), on se limite au simple fait que: il est méchant. Donc on lui place un homme de main rigolo parce qu’il pense qu’il doit tuer dès que le méchant parle à quelqu’un. Parce qu’il est méchant, vous avez saisi ?
Et ce n’est clairement pas Matthias Hoene, réalisateur de la chose, qui pourra rattraper quoi que ce soit. Celui-ci a clairement été embauché comme un simple technicien, et il ne faut pas essayer d’y chercher une quelconque tentative artistique dans la démarche de réalisation du métrage. La réalisation ressemble donc à n’importe quelle production Europacorp, sans véritable personnalité. 

Bref: The Warriors Gate, c’est pas bon, et cela mérite complètement sa sortie confidentielle. Il s’agit d’un produit complètement formaté dans le moule des autres productions Europacorp, et il est difficile d’être surpris de voir un produit de cet acabit, tant la boite de Luc Besson nous a habitué à nous sortir fréquemment des oeuvre de piètre qualité. Il est juste triste de se dire qu’il y a deux semaines sortait Miss Sloane, autre production Europacorp qui elle, à défaut d’être une totale réussite, avait au moins le mérite de nous offrir une oeuvre d’une ambition clairement plus élevée que celle qu’il m’ai été donné de voir cette semaine…




Claude S.


Note du rédacteur: 1/5 (Navet)

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